Zampano - la vie... .punk !

Interviews

ZAMPANO
13, rue du Dr Dreyer Dufer
95570 BOUFFÉMONT
FRANCE

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CREVURE N°0

Crevure : Bon, pour commencer, pourriez-vous nous faire un petit historique du groupe ?

Greg : Euh oui c'est possible. Alors bon le groupe s'est formé aux alentours de 93, avec Nico et moi. Pendant 2 ans environ, y'a eu pas mal de changements, les mecs qui répétaient avec nous ne restaient pas longtemps, soit qu'ils jouaient pour nous dépanner, soit que le punk n'était pas leur zique de prédilection. Ces 2 années, c'est aussi le temps qu'il nous a fallu pour que l'on apprenne à jouer à peu près correctement et que l'on rencontre de futurs potes réellement motivés pour jouer avec nous. Mais tout ça est déjà lointain. Pour moi, le groupe, c'est la formation qui date de début 97, période à partir de laquelle on a vraiment commencé à répéter très régulièrement et à faire de véritables concerts.

Nico : Ouais paske avant 97, on a fait quelques concerts mais c'était genre fête de la zik ou dans des MJC paumées, avec un public très "rock français" n'ayant qu'une très vague idée du punk.

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Crevure : Est-ce que certain membres de Zampano ont joué dans d'autres groupes avant ?

Bébert : Ouais moi j'ai commencé avec Morback. J'avais 14 ans. C'était donc y'a une dizaine d'années environ, c'était inspiration Cure et...

Ziton : ...et t'avais une coupe de cheveux pas possible...

Bébert : N'empêche qu'on reprenait déjà " If the kids " des Sham 69...

Loak : Ouais moi j'ai commencé par jouer dans les Whoopers, j'devais avoir dans les 15, 16 ans. C'était avec Ziton qui faisait de la guitare à l'époque. Puis ensuite Zinc position, encore avec Ziton. Et là je joue dans Moaïtrip - qui est constitué de certains membres des Whoopers - avec Greg.

Nico : Tiens moi ça me revient : j'ai aussi fait un groupe avant. Ça a commencé en 86 et ça s'appelait "Les Crevettes Esseulées". On a fait en tout et pour tout 2 répètes dans ma chambre, tout à fond. En fait, on s'y mettait parfois à deux pour jouer de la gratte : l'un sur le manche, l'autre sur les cordes ! C'était n'importe quoi. On avait jamais touché une guitare avant. D'ailleurs, j'en ai guère touché depuis ! Tout ça pour te dire que, en ce qui me concerne, le fait de faire un groupe, c'était d'abord "en pensée". Je veux dire par là que ça faisait déjà plusieurs années que je voulais en monter un mais j'trouvais personne et j'savais rien jouer - ce qui est toujours le cas, à part de la cloche ! Alors j'avais mon groupe, Les Crevettes Esseulées, et ma quinzaine de paroles, très ado dans l'esprit. D'ailleurs je sais pas si tu connais le morceau de Zampano "Morte et empaillée" mais il date de cette époque-là. C'est le seul qui a continué à me plaire avec le temps.

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Crevure : Pour moi, dès la première écoute, ça m'a fait penser à OTH (le fait que vous repreniez "Vive les barbituriques" sur la compile "What's my punk" m'a sans doute un peu influencé). Est-ce voulu ? Qu'en pensez-vous ?

Nico : Les influences, c'est jamais voulu, c'est toujours inconscient. Mais bon ce qui te plaît le plus, ce que tu écoutes le plus a tendance à ressortir dans les morceaux que tu composes. C'est un peu comme lorsque tu écoutes une langue, ou plutôt un accent : ton oreille s'y familiarise et tu reproduis toujours plus ou moins le même son. Pour OTH, je pense que ça ne peut être que Greg et moi parce que les autres n'écoutent pas trop.

Ziton : Eh moi aussi j'écoute OTH !

Nico : En tout cas, c'est impossible de considérer que ma voix fait penser à celle de Spi. Il est 35467 fois plus balèze que moi...

Greg : Pfouuuu... l'influence OTH, elle était sans doute plus marquée au début du groupe où l'on avait pas mal de morceaux plus rock'n'roll du genre "CAC 40" ou "Keufs". Mais bon ça vient aussi d'influences indéniablement communes avec OTH, du genre Les Stones ou les New York Dolls.

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Crevure : Et à part ça, quelles sont vos autres influences ?

Greg : Extrêmement variées et ça n'a bien sûr rien d'original. Si on s'en tient à celles de prédilection, disons que pour moi c'est tout ce qui s'inscrit dans la grande lignée du Rock' n' Roll, que ce soit les Nomads ou les Cramps pour les années 80, les Ramones et les Dolls pour les années 70 ou bien les Stones, Chuck Berry, les Troggs, les Sonics ou, plus récemment, les Oblivians, les New Bomb Turks.

Loak : Histoire de continuer dans les trucs variés, j'dirai aussi bien Dan ar Bras, que Sepultura, Iron Maiden, Slayer, D.R.I., John Lee Hooker et bien sûr les Clash, les Pistols, les Bérus...

Bébert : À part Cure déjà cité, j'aime aussi Jesus and Mary Chain, Ride , Boo Radleys, Wire, Buzzcocks.

Nico : Moi pas mal de punk rock aussi, en ajoutant aux groupes précédemment cités les Stooges, les Dead Ken et les Adicts, enfin y'en a plein quoi. Mais j'aime bien aussi, au grand dam d'Érick de la MJC d'Igny, la chanson réaliste, du genre Fréhel, Nitta Jo, Bruand...

Greg : Tiens, on a oublié de parler du reggae vu que c'est un style dont tout le monde ici est adepte, à part Bébert qui préfère sa déclinaison anglaise version Two Tone. En tout cas pour ce qui me concerne, j'ai pas vraiment de préférences particulière en la matière. Mais bon, faut arrêter d'être omnibulé par Bob Marley. C'est super ok mais c'est aussi l'arbre qui cache la forêt...

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Crevure : Certains disent qu'il y a beaucoup de groupes punks en Bretagne, mais il y a l'air d'en avoir pas mal dans le sud de la France, non ?

Nico : Alors ça j'en sais rien de rien, j'ai pas de statistiques sous la main.

Greg : Non mais c'est vrai que proportionnellement au nombre d'habitants, ce sont deux régions qui bougent pas mal. Ça se voit rien qu'au niveau des compiles, y'en a plein du genre "Mozarella" ou celle de "Panx" pour le sud, celle de "Breizh Disorder" pour la Bretagne avec à chaque fois des groupes phares, style Légitime Défonce, les Mass Murderers...

Nico : Mais ils n'ont pas splittés les Mass ?!

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Crevure : Maintenant que vous commencez à avoir une certaine notoriété, est-ce que c'est plus facile de trouver des concerts ? Est-ce que vous en faites plus qu'avant ? En général, est-ce vous qui faites les démarches, ou les organisateurs qui viennent à vous ?

Ziton : "Notoriété" t'y vas fort. En réalité nous sommes "bien connus que de très peu de monde" comme disait l'autre.

Loak : En fait des concerts, j'ai l'impression qu'on en fait moins qu'avant...

Nico : Ouais mais ça c'est normal paske avant Greg m'aidait un peu et j'avais plus de temps libre pour en chercher. Mais bon, pour répondre à ta question, on reste un groupe punk. Je veux dire par là que sur Paris notamment, si tu veux jouer dans un bar et que tu fais du punk, à peine les balances ont-elles commencées que le voisinage se plaint, parfois aussi y'a des bastons pendant les concerts. Les organisateurs de concerts ne sont donc pas toujours supers chauds pour monter des concerts punk. Avec Zampano ou avec n'importe quel groupe punk, à partir du moment où la musique est assez violente quoi, c'est vachement plus fréquent que pour les groupes qui font un autre style de zique du genre reggae, blues, rock "gentil". Y'a que pour le rap, je connais pas du tout... Donc voilà, ça reste toujours difficile de trouver des concerts paskon est un groupe "punk" avant d'être un groupe qui s'appelle "Zampano".

Bébert : Maintenant, c'est sûr que ça se passe pas tout à fait comme quand on a commencé. Au début, comme personne ne nous connaissait, on montait nous-mêmes les concerts. Ça nous a permis de proposer à pas mal de groupes de jouer avec nous; groupes qui par la suite nous ont refilé leurs plans ou nous ont branché pour jouer avec eux. Y'a eu pas mal d'échanges comme ça, notamment avec Ebola, Piglet's, Anarkotik, Action Directe... Ensuite, y'a un truc indéniable, c'est que plus tu fais des concerts, plus on t'en propose : une fois qu'on vient de jouer, si on a pas trop mal assuré, y'a des mecs qui viennent parfois nous voir pour nous en proposer.

Nico : Ça me fait penser à Sens Interdit, c'est un groupe du sud de Paris : je sais même pas s'ils ont un an d'existence mais ils ont commencé par jouer j'sais plus où, là-dessus on leur a proposé de jouer à Genève et une fois à Genève, on les a branché pour jouer dans le sud de la France à un festival. Peut-être même que là-bas on les a branché pour jouer ailleurs ! Mais bon, pour revenir à Zampano, le problème essentiel est qu'on a pas de manager, on doit tout faire nous-mêmes et c'est fatigant.

Greg : Mais bon, pour revenir aux fois où on nous propose de jouer, faut dire aussi qu'on est un peu plus exigeant qu'avant. Si ça sent le plan complètement fouarreux à Perpète-les-Oies, on préfère éviter alors qu'au début, on était tout le temps d'accord.

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Crevure : Et pour les compiles ?

Greg : Y'a que pour la première, celle de Combat Rock, où c'est venu de nous. Sinon pour les 5 ou 6 autres, on nous a toujours proposé. Faut dire que, par rapport à y'a 4 ou 5 ans, y'a 30 fois plus de compiles qui sortent aujourd'hui et les groupes n'ont ainsi que l'embarras du choix.

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Crevure : La loi sur le bruit a-t-elle changé quelque chose pour vous (moins de concerts, insonorisation du local de répétition...) ?

Loak : J'étais même pas au courant de cette loi sur le bruit, à part celle à partir de 22 h...

Nico : C'est p'têt celle là justement. Mais bon, de toute façon, ce que les gens estiment être du bruit, ça reste du bruit, loi ou pas. Ils appellent les flics et les flics débarquent pour t'empêchez de jouer.

Loak : Et, c'est bien connu, "les flics ont rarement tort" !

Nico : On pourrait même dire qu'ils ont "toujours raison" n'est-ce pas ? On a même été emmerdés une fois lors d'une répète, dans notre premier local. On répétait juste en dessous d'une école communale, c'était un dimanche électoral. Alors un par un, les mecs qui se relayaient pour la responsabilité du bureau de vote venaient nous voir pour nous demander de jouer moins fort. On a vu défiler comme ça des mecs, sur leur 31, de tous les bords politiques. On était bourrés, c'était rigolo. Après ils ont appelé un flic municipal, le mec était tellement à la masse que je l'ai carrément tutoyé. Enfin bon, je ne me souviens plus si on a dû arrêter ou pas de jouer.

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Crevure : Quelles sont vos opinions sur la Oï! ?

Nico : Moi y'a deux trucs qui me gênent dans la Oï! c'est la voix et le fait qu'il faille raquer plus de 1000 balles pour avoir le look correct. À part ça, j'aime bien. À une époque, on reprenait même "Pas de voyou dans mon bar" des Trotskids. En fait, c'est impossible de te dire qu'on aime pas parce que c'est tout de même la même famille musicale que le punk.

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Crevure : Avez-vous des liens avec la scène Oï! ? Et avec la scène ska ?

Greg : Face à cette question épineuse, je me rallierai au point de vue de Monsieur de Condorcet.

Bébert : Non sérieux, on a jamais joué avec des groupes Oï! proprement dits. Pour le ska, c'est surtout Ebola qu'on connaît bien.

Nico : Encore que ça fait un bail qu'on a pas joué avec eux. Mais bon, on les aime bien, ils sont marrants. Les films zoophiles de Ben, l'un des gratteux, je suppose même qu'ils sont aussi drôles que lui.

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Crevure : Et pour finir, pour vous, c'est quoi le punk ?

Nico : Ça c'est la question qui tue. La réponse peut se situer à pas mal de niveaux différents. Musicalement en tout cas, c'est le fait de ne pas se prendre pas du tout, mais alors là pas du tout, au sérieux. Le punk, au départ, c'est tout de même une réaction contre les groupes dinosaures des années 70 du genre Led Zep ou Deep Purple, qui se lançaient dans des solos de grattes pas possibles, bref qui se branlaient sur leurs instruments. Fallait sortir du Conservatoire pour prétendre faire de la zique quoi. Le punk, musicalement, c'est une réaction contre ça, c'est tout sauf le plan élitiste. L'important c'est d'être grisé par la musique, pas de se branler dessus. Pas la peine d'avoir une gratte ou un micro à 10000 balles pour ça. Au niveau "culturel" ou "social", comme tu voudras, ça reste résolument, et par définition, un truc parallèle, un truc en marge. C'est d'ailleurs pas étonnant que ça soit dans le punk que y'a le plus de mecs politisés, de fanzines (de presse parallèle donc), de petits labels. C'est là aussi où t'as le plus de clodos, de drogués, de repris de justice... Par définition donc, ça ne peut pas être une mode et c'est d'ailleurs pour ça que ça a traversé les époques. Y'a que le rap, aussi bien par son aspect musical - dans la démarche - que "social" qui s'en approche. Mais bon, dans le rap, j'ai quand même l'impression que y'a moins de fanzines ou de petits labels , même si je connais pas bien.

Ziton : Et au niveau hygiène aussi, le punk est incomparable.

Bébert : Le punk, c'est pour cracher le mal de la société tu vouâ.

Greg : Eh les mecs vous n'avez rien compris : le punk c'est un chiotte avec une chasse d'eau qui déconne...

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Crevure : Rien d'autre à ajouter ?

Loak : J'ai l'intime conviction que cet itw est, d'un certain point de vue, apocryphe.

Nico : Ouais mais bon, c'est plus vivant comme ça non ?!