ZAMPANO
13, rue du Dr Dreyer Dufer
95570 BOUFFÉMONT
FRANCE
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Ziton : Ah ça c'est une question facile ! Bon ben Greg et Loak aux grattes, Nico au chant, Bebert (dit Keskler), à la batterie et moi-même, Ziton, à la basse. La formation actuelle est stable depuis 96 mais le groupe date de 94 environ. Entre 94 et 96, y'a eu pas mal de changements, de batteur notamment. Enfin c'était Bebert qui alternait entre divers instruments et en fonction de ça, on cherchait tel ou tel mec pour jouer tel ou tel truc. C'était aussi la période pendant laquelle on a appris à jouer...
Nico : Bon là c'est le futur donc, à la suite du passé... Alors bon y'a tout d'abord un projet d'album parce qu'on doit en être à 18 morceaux environ. Enfin les 3/4 ont été dispersés entre les 2 démos, le 45 t. et les 4 compiles CD qu'on a faite. Donc pour l'album y'aura à tout casser 4, 5 inédits mais en même temps c'est pas dramatique parce que certains morceaux sont uniquement sortis sur démos et ont donc eu une faible diffusion. Ça permettrait aussi d'avoir de meilleurs enregistrements et puis ça synthétiserait un peu notre passé de façon clean quoi ! Enfin je parle, je parle, mais bon pour le moment on a pas les thunes. Il nous faudrait un truc du genre 10 000 balles. Enfin, j'espère qu'on pourra tout de même faire l'enregistrement durant l'été prochain... Après faudra trouver un label pour nous produire et nous distribuer mais je pense, du moins j'espère, que ça se fera sur Dialektik. On a de la chance d'avoir déjà fait 2, 3 trucs avec Stéphane qui bosse comme un taré pour son label. C'est un gars sérieux. Il est carré comme mec. Enfin je couche pas avec lui mais il a l'air carré dans l'absolu.
Ziton : Ça serait mieux si on trouvait un joyeux mécène.
Loak : L'argent n'a pas d'odeur...
Greg : Arrêtez de déconner y'a Bruno Limolife qui nous a promis 10 plaques et 3 mois de studio à Londres !
Loak : Ouais mais j'suis sûr qu'c'est de la tchatche...
Nico : Bon à part ça, on a des projets de concerts of course mais bon là, on a maintenant une petite vitesse de croisière, du genre 1 ou 2 concerts par mois. C'est sûr que ça fait pas bézef mais c'est déjà ça comme on dit. On cherche aussi à jouer en province, du style en janvier on va jouer sur Grenoble puis Lyon.
Greg : Maintenant c'est sûr qu'on en est pas au stade de la tournée proprement dite, on a pas de manager et c'est à nous de trouver les concerts, même si on nous en propose plus qu'avant.
Vous avez une chanson sur l'invasion de l'Amérique Latine par les conquistadors. Que vous inspire les peuples qu'ils ont anéantis ?
Ziton : Ouais mais le morceau ne parle pas uniquement des peuples d'Amerique Latine. Mais de tous ceux du continent américain même s'il est certain que le terme de Conquistadors est communément associé à l'Amérique centrale et l'Amérique du sud.
Nico : Par rapport à ta question, je ne connais pas en détail toutes ces civilisations. Les Incas au Pérou, s'ils n'étaient pas des tendres, avaient tout de même la réputation de respecter les cultures et les croyances des ethnies qu'ils annexaient. On ne pas en dire autant vis-à-vis de Pizarro qui a vaincu les Incas pour la couronne d'Espagne. Et puis au niveau artistique, ou du moins architectural, les Incas se la racontait pas mal. On ne sait toujours pas comment ils s'y sont pris pour construire le site du Machu Picchu, avec ses pierres de plusieurs tonnes a priori indéplaçables. Idem pour Cuzco, la capitale de l'empire inca.
Greg : Ouais Tao et les cités d'or, tout ça quoi !
Nico : C'est quoi ce truc ?
Greg : T'es trop vieux et t'es trop con laisse béton.
Ziton : Tao et les cités d'or justement, c'était chez les Aztèques au Mexique. Les Aztèques qui comme les Incas touchaient comme des bêtes au niveau artistique. En tout cas, ils se sont pas mal inspirés des Olmèques qu'ils ne se sont d'ailleurs pas gênés pour massacrer. Je crois même qu'ils étaient carrément plus sanguinaires que les incas avec leurs sacrifices. Du genre les aztèques extrayaient le cœur de mecs vivants pour l'offrir au dieu soleil ou un truc du style, c'était vraiment barbare !
Quand vous écrivez vos textes, pensez-vous à l'influence qu'ils peuvent avoir sur certaines personnes et donc faites-vous attention à ce que vous écrivez ?
Nico : Je ne fais pas gaffe à ce que j'écris par rapport à cette incidence précise. En fait, si t'écris, tu le fais en principe en sachant que, de manière générale, tu seras lu. Mais tu le sais tellement bien que ça devient une donnée dont tu n'as même pas conscience. Tu ne t'interroges pas de façon aussi pointue que tu le laisse entendre. Et même, à la limite, j'essaye d'écrire un truc correctement point barre. Je ne me soucie pas vraiment du reste, ça ne me vient pas directement à l'esprit. Si ça me paraît correct à moi, ça me suffit. Là par exemple, j'essaye de m'exprimer correctement et la réception du truc, j'y pense pas vraiment, c'est presque inconscient. Enfin, je ne sais pas à quelles paroles tu semble faire allusion dans ta question. Mais bon faut pas dramatiser : le mec qui chope une de nos démos par exemple, en général je crois qu'il fait surtout gaffe à la zique et il est assez grand pour prendre du recul par rapport aux paroles, si tant est qu'il les lise. Moi-même je ne regarde pas en détail les paroles de tous les trucs que j'écoute. Maintenant il est sûr que certaines paroles de Zampano peuvent paraître assez engagées mais bon, elles ne comprennent tout de même pas d'appel au meurtre ! Et puis c'est difficile de faire dans la nuance, je tombe peut-être trop vite dans le slogan. C'est plus facile, ça colle mieux avec la zique, assez rentre-dedans en principe, et pis c'est idéal pour un refrain d'avoir une phrase-choc. Cela dit, je suis loin d'y arriver. A part le refrain d'"Homme politique" et de "Mignonne", je crois que les refrains de la plupart de nos autres morceaux ne pètent pas vraiment. Enfin pour revenir à ce que tu disais, le problème s'est tout de même posé, mais pas de la façon dont tu l'entends. On a un morceau sur le plan apatride. L'idée de nation, je ne la conçois pas. Je trouve ça hyper abstrait, en tout cas beaucoup plus abstrait que le fait d'être humain. Bref, j'ai voulu intituler le morceau "Nation abstraite" pour faire un jeu de mot avec "notion abstraite" et automatiquement, on m'a dit : "ça va pas, les mecs vont regarder le titre du morceau, ils vont se dire que c'est un plan faf !". Enfin bref n'importe quoi puisque c'est tout l'inverse ! Mais bon je m'en branle, j'ai hésité une seconde puis j'ai laissé le truc comme ça. Sinon, si j'avais changé de titre, c'était indirectement une façon d'accepter une censure que t'impose le fascisme ambiant. Je veux dire pas là que y'a tellement de fachos en France en général, et de groupe oï ambigus en particulier, que tu ne me peux même plus dire le mot "France" ou "Nation" dans un titre, avec un adjectif neutre, sans risquer de prêter à confusion.
Le punk-rock a toujours été un mouvement contestataire mais, à votre avis, que faudrait-il pour que le monde où nous vivons change en mieux ?
Nico : Réduire les inégalités, à l'intérieur d'un même pays et entre les pays, c'est tellement évident. Bref, ne plus être asservi par le système économique qui reproduit et accroît les inégalités, au bénéfice d'une minorité. Le système économique conditionne et écrase tout, qu'est-ce que tu veux que je te dise d'autre ? Il domine le politique, il suffit de voir le comportement qu'un pays dit démocratique va avoir, pour des raisons économiques, vis-à-vis d'un pays où règne la dictature. Il domine aussi le social bien sûr et là, c'est d'autant plus grave que, tandis que l'on assiste en ce moment à une internationalisation du capitalisme libéral symbolisé par l'AMI, il n'existe pas d'instance de régulation pour le social. Si l'AMI fonctionne, cela voudra dire que, au sein d'un pays où il y a eu auparavant des avancées sociales, une entreprise étrangère pourra imposer les pires conditions de travail, se passer justement de protection sociale etc., bref remettre en cause toute les législations sociales nationales et bénéficier de tout ce qui permet de produire au moindre coût.
Pensez-vous que le combat que mène l'ETA en Espagne soit la bonne solution et de manière générale quel regard portez-vous sur le pays basque ?
Nico : Face à ce genre de problème, on est toujours sur la corde raide. Entre l'indépendantisme légitime et le nationalisme à la con, la ligne est plutôt floue je trouve. Je ne suis pas basque et c'est difficile de juger. Pour ETA, je crois qu'ils ont récemment proclamé un cessez-le-feu et que des négociations s'engagent avec le gouvernement espagnol. Cela me paraît toujours mieux que le terrorisme. De toute façon, ETA était un peu obligé de choisir une voie plus soft face à la réaction populaire qu'a engendré, l'an passé, l'enlèvement puis l'assassinat de Miguel Angel Blanco. Je crois qu'il ne faut pas s'engager aveuglément pour la cause basque comme le font certaines personnes en France. J'ai été plusieurs fois à Bilbao avec des mecs de Bordeaux liés au mouvement SHARP. Je me souviens qu'ils arboraient à qui mieux mieux le drapeau basque. Plus tard, j'ai lu que ce drapeau, dont le modèle s'inspire de celui de l'Union Jack britannique, avait été créé au début du siècle par Sabino Arana, qui a également créé le terme "Euskadi" pour désigner la nation basque. Bon ben désolé mais ce mec était un véritable facho clamant haut et fort la supériorité de ce qu'il nommait la "race basque" sur la "race latine"... Les nationalistes basques, pendant la guerre d'Espagne, se sont tout de suite ralliés à Franco une fois que celui-ci avait vaincu Bilbao. C'était peut-être parce qu'ils ne reconnaissaient justement pas la République espagnole mais bon tout de même. Enfin bref, pour conclure, il faut être mesuré. Je veux dire par là qu'à partir d'un fond de légitimité historique, c'est-à-dire le fait que la Castille a véritablement annexé le pays basque il y a plus de 700 ans, il ne faut pas construire pour autant un nationalisme puant. Seulement c'est précisément difficile de trouver un juste équilibre et l'on revient à ce que je te disais au départ.
Vous sentez-vous concernés par les problèmes écologiques et que pensez-vous du parti écologique français au pouvoir en ce moment ?
Nico : C'est un peu comme pour l'une de tes questions précédentes sur la fait de "changer le monde" : je ne vois pas comment on ne peut pas se sentir concerné par ce genre de problèmes. Les lois anti-pollution, anti-nuisances, enfin tout ce qui emmerde le lobby automobile, je suis à fond pour. Là encore, c'est par dessus tout une opposition entre l'économique et le reste... Pour ce qui concerne le parti écologique français, je le préfère comme ça, clairement à gauche, plutôt que comme il y a quelques années avec Waechter qui se proclamait ni de droite ni de gauche. Et puis bon, face au problème de la légalisation des sans-papiers, je trouve qu'ils assurent en tout cas plus que le PS et le PC, ne parlons même pas de la droite. C'est pareil pour la question de la drogue, les écologistes se sont clairement proclamés pour la légalisation des drogue douces et on ne peut pas en dire autant des autres partis. Cela dit, quand j'entends Voynet ou Cohn-Bendit, je ne saute pas pour autant au plafond. C'est toujours des politiques et je ne doute pas qu'ils obéissent d'abord et avant tout à une stratégie électorale qui oriente de façon prioritaire leurs propos.
Ziton : Moi je me proclame environnementaliste. Ça sert à rien de proclamer des lois à tout bout de champ si elles sont avant tout perçues comme répressives. L'idéal serait qu'il y ait une prise de conscience sinon t'auras des cons qui iront jeter leur bidon d'huile dans la nature.
Loak : et leur bière par les fenêtres...
Greg : Moi je me proclame disciple du grand gourou Jissman à savoir un seul cri, une seule révolte : le nettoyage par le vide.
Quel regard avez-vous sur les groupes de Death Metal qui naviguent dans le morbide, satanisme, voire fascisme, que pensez-vous de cet état d'esprit et de ce qu'il véhiculent ?
Nico :De toute façon ce truc c'est une mode pour les teenagers en mal de sensations fortes
Ziton : Mais non c'est pas une mode. Et pis faut pas faire l'amalgame, y'a des groupes de Death Metal...
Greg : ...qu'ont les cheveux courts !
Loak : Et pis tu peux très bien être nazi sans être sataniste
Ziton : Arrête tes conneries, j'connais des groupes de Death Metal comme Meaningless qui font musicalement du Death Metal sans être ni satanistes ni fascistes.
Greg : Mais ça reste des teenagers !
Je vous dis : "Le Pen"... quel est le premier mot qui vous vienne à l'esprit ?
N : Enculé ! Ça t'étonne ?
Qu'est-ce qui vous branche dans notre télévision ? Qu'est-ce que vous n'y aimez pas et pensez-vous qu'internet puisse ouvrir de nouvelles portes à la liberté d'expression ?
Nico : Pour ce qui me concerne, je n'ai pas la télé donc c'est difficile de te répondre. En tout cas, c'est assez rigolo parce que tu te sens un peu déphasé par rapport à la plupart des gens. Tu entends parler de telle ou telle vedette de la télévison pendant 6 mois puis d'une autre pendant 6 autres mois, tu sais pas du tout qui c'est, tout ça te paraît assez frivole, orienté par la mode. Enfin des fois c'est un peu chiant parce que je mets pas mal de temps à visualiser mentalement la tronche de tel ou tel mec important. Mais bon, si je n'ai pas de télé, c'est aussi un choix. Tu peux faire 10 000 trucs plus intéressants à la place of course. Avant, c'est-à-dire il y a 4,5 ans, j'en avais une et ben c'est con à dire mais je n'arrivais pas à contrôler le truc, je me foutais devant pour un oui ou pour un non. C'est évidemment un peu comme une drogue. Et puis je ne crois pas que cela puisse être un média utile pour s'instruire. Quand tu te fous devant, t'as pratiquement aucun effort de concentration à faire, donc tu ne retiens pas les choses. Je suis presque sûr que la lecture du texte d'un documentaire télé permettrait de retenir beaucoup plus de choses que sa simple écoute, parce que si on lit, on est obligé de fixer son attention et de se concentrer un minimum. Avec tout ça, je pense aussi qu'il y a quelque chose d'un peu bizarre à rester plusieurs heures de suite vautré devant une boîte allumée. Je ne comprends du reste pas pourquoi tu fais un rapprochement avec internet. Bon ok là aussi t'es devant une boîte allumée mais, au moins, tu es actif. Ceci dit, je ne crois pas que cela ait quelque chose à voir avec la liberté d'expression. La liberté d'expression peut-être pleine et entière sans passer par internet. Rien n'empêche quelqu'un de s'exprimer par une autre voie. En plus il y a nettement plus de personnes qui consulte internet que de personnes qui créent des sites dessus et qui peuvent par conséquent revendiquer le fait d'avoir une liberté d'expression, si tant est qu'on matte leur site.
Ziton : Ouais mais t'as les forums qui permettent à n'importe qui de communiquer en même temps même si faut des thunes, c'est sûr. Et pis je suis persuadé que y'a un max d'internautes qui ne l'utilisent pas dans ce but
Greg : Ouais c'est pour le cul, le cul, et encore le cul. J'connais un site : "http://www.nourissons en chaleur.com"
Nico : Ouais mais celui-là tu peux pas payer par carte bleue... Bon sinon sérieux, pour conclure sur internet, je trouve que c'est un super moyen d'information mais que, en même temps, cette information risque d'être plus souvent erronée que celle véhiculée par un autre média. Comme il n'y a aucun contrôle, on peut y balancer n'importe quoi. Au niveau scientifique notamment, j'ai pu me rendre compte qu'il y avait pas mal de conneries. Ça n'est pas comme lorsque tu passes par l'écrit où il y a nécessairement un comité de rédaction qui vérifie et corrige...
Greg : Le mot de la fin sera pour Ziton : "Pinot simple flic"