Zampano - la vie... .punk !

Interviews

ZAMPANO
13, rue du Dr Dreyer Dufer
95570 BOUFFÉMONT
FRANCE

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Kangourou

Kangourou : Zampano, c'est un "vieux groupe" même s'il est discret ? Alors les débuts remontent à quand ?

Ziton : C'est marrant parce qu'on nous pose toujours la même question, on se dit: "oh fait chier toujours la même question" mais par contre on se souvient jamais de la réponse ! Eh Nico c'est quand qu'on a commencé le groupe ?

Nico : J'en sais rien, on a qu'à répondre 1993.

Greg : En fait la première démo remonte à 1996, mais bon, il a fallu un peu de temps à certains d'entre nous pour "apprivoiser" leur instrument. Faut dire aussi qu'on a toujours fait le groupe un peu en dilettante, avec parfois aucune répète pendant 3, 4 mois.

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Kangourou : Avant Zampano, tu jouais dans d'autres groupes ? Tu t'occupais du zine Bakalao (un zine que j'aimais bien...). Tu regrettes cette période ?

Nico : J'avais fait juste fait une dizaine de paroles pour un autre groupe, "Les crevettes esseulées" mais y'avait pas de zique. On a dû faire 2 répètes dans ma chambre. J'ai pas trop envie de parler de mon zine car les autres me reprochent, à juste titre, d'en parler à chaque fois. Quant à savoir si c'est une période que je regrette, que veux-tu que je te dise ? J'avais même pas 20 ans, c'était entre 1988 et 1992, j'étais "jeune"...

Ziton : Ouais tu draguais tes premières meufs...

Bébert : T'avais pas encore besoin de Viagra...

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Kangourou : Sinon la formation reste stable ? Qui fait quoi ?

Greg : La formation s'est stabilisée juste après la première démo avec Bébert à la batterie, Ziton à la basse, Nico au chant, puis Loak et moi aux grattes. Depuis peu, je me retrouve à assurer les 6 cordes, Loak ayant décidé de jeter l'éponge, plus par lassitude qu'autre chose.

Nico : Et on va continuer à 4. On fonctionne bien comme ça. On a pas envie de chercher un remplaçant.

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Kangourou : Concernant les textes, ils sont écrits en commun ou c'est l'œuvre d'une seule personne ?

Nico : Ben j'ai dû en faire les 2 tiers, l'autre tiers, et notamment les 6 dernières, c'est El loco Duende + Pinpin & Pouy, deux auteurs de romans noirs.

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Kangourou : Vous avez des thèmes préférés à aborder ?

Nico : Non pas vraiment.

Greg : Des fois, ça peut partir d'une discussion ou d'un truc lu quelque part sur lequel Nico a bloqué, puis va délirer dessus. Au final, ça peut donner un texte de même pas 10 lignes qu'on répète en boucle ou alors un pavé de 3 pages et, dans ce cas, on est un peu obligé de tailler dans le lard. Sinon, en effet, on a pas de sujets de prédilection.

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Kangourou : La politique est un sujet qui vous tient à cœur ?

Nico : Bof pas plus que ça. Ça sert à rien d'en faire 50 non plus. S'en fait 2 déjà, et c'est assez redondant.

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Kangourou : Comment est la scène punk vers Paris ? Ça a l'air assez calme à part Gastéropodes Killers, Les Sales Majestés.
On dirait que la scène skinhead est plus importante...

Greg : Shépa trop. Déjà faut avouer qu'on connaît pas des masses la scènes skin, même si on y a quelques potes...

Nico : ...qu'on croise parfois hors des concerts, dans les boutiques de skeuds !

Greg : En plus, on n'est pas exactement de Paris mais de banlieue, on ne peut donc pas traîner à tous les concerts et voir toutes les scènes, qu'elles soient punk-rock, street-punk, garage-punk, ska-punk, Emo-core, hard-core et j'en passe, puisque c'est malheureusement un peu le cas sur Paris. Tout est un peu cloisonné. Ceci dit, les groupes sont loin de manquer, entre Garage Lopez, Hellboys, Splash 4, Holly curse, Vieilles salopes, Gümz, Merguez sauvages, Sens Interdit... T'en as des dizaines et des dizaines. Non, le problème sur Paname, c'est plus les salles (niveau rentabilité et/ou voisinage).

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Kangourou : D'ailleurs l'unité entre punks et skins, ça existe réellement ?

Nico : Franchement, c'est pas la chose qui m'empêche de m'endormir le soir, à vrai dire, je m'en fous carrément. Je vais donc répondre à côté pour commencer. "Punks", "Skins", tout ça ce sont des étiquettes. Au niveau vestimentaire (mais pas au niveau de la zique), je trouve ça profondément con d'être skin car ça revient à te fringuer pour 1 500 balles. C'est aussi débile que la pisseuse de 16 ans qui fout toutes ses économies en s'habillant chez Benetton. C'est au moins une chose qu'on peut pas reprocher à un punk. Maintenant dans les deux cas, c'est quand même un uniforme. Et, à ce niveau, c'est le punk qui est le plus en contradiction avec lui-même, puisqu'il est censé être subversif. Tiens ça me fait penser à un film (d'Antonioni ?) et à un bouquin (de Moravia ?). Bon peu importe, autant garder l'idée : c'est l'histoire d'un mec qui veut se singulariser par tous les moyens mais en fait, dans sa démarche, il est hyper conformiste. D'ailleurs, le film et le bouquin s'appellent comme ça, "le conformiste". En fait c'est marrant, paske le punk avec la crête et tout va se faire montrer du doigt dans la rue et ça va passer pour de l'intolérance. Maintenant, si un mec en costard cravate va à un concert punk, à fortiori dans un squatt, c'est lui qui se fait montrer du doigt et il se fait allumer. L'intolérance n'est pas forcément toujours du même côté. Une fois, on avait dégoté des tee-shirt "NRJ music Awards", on avait tous mis ça. Et ben crois-moi, y'a certains punks de chez punks qui n'ont même pas été foutus de comprendre que c'était du 2nd degré. Bref, pour essayer maintenant de répondre à ta question, tu me demandes s'il peut y avoir une unité entre deux groupes sociaux dont chacun revendique une identité, à travers une musique, une mentalité et un code vestimentaire précis. Ça n'est pas vraiment possible par définition. C'est un peu comme pour les gendarmes et les flics merde. De toute façon, à un concert, si y'a de la baston et donc pas d'unité, c'est surtout paske y'aura toujours des connards qui vont retourner au stade animal, l'étiquette n'étant alors qu'un prétexte.

Greg : Heu... Pour faire plus simple disons qu'un connard, qu'il soit punk, skin ou shépa quoi, reste un connard. Alors maintenant si tu me dis "ouais mais la scène tout ça...", ben je pense pas que les connards aient jamais fait avancer quelque scène que ce soit, n'est-ce pas ? Et puis faut pas rêver, l'antienne "if the kids are united" c'est bien joli mais je crois surtout que c'était de la démagogie du sieur Pursey qui voulait avoir le plus de monde possible derrière lui.

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Kangourou : Niveau concerts vous en faites quelques-uns ?

Ziton : Ouais on doit pas être loin de la cinquantaine.

Greg : Le problème c'est qu'en vieillissant, tu deviens un peu obligé de bosser, ne serait-ce que pour payer ta piaule et bouffer. Et bon, on a des tafs un peu chiants et pour certains carrément prenant, ce qui ne facilite pas les choses pour trouver des dates communes. Mais bon, vous pouvez sans problème nous en proposer, on a déjà eu l'occasion de jouer sur Toulouse, Orléans, Nantes, Reims, Nancy, Grenoble, Lyon, Agen... On en garde des souvenirs impérissables, surtout des engueulades sur la route !

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Kangourou : Vous venez de sortir votre premier cd , vous avez mis le temps pour le sortir... Problème de thunes ? De distribution ?

Nico : Disons simplement qu'on est pas très prolixes. C'est pas au niveau musical paske ça c'est pas dur. C'est surtout au niveau des paroles, j'ai beaucoup de mal à en écrire. C'est d'ailleurs pour ça qu'on m'aide de plus en plus.

Greg : L'album, on a mis pas mal de temps pour se décider à l'enregistrer, et après on a eu la poisse sur toute la ligne : mix qui s'éternise, problèmes avec Dialektik, Master qui merde, déclaration SDRM qui merde aussi et pour finir une usine de duplique noyée sous 30 cms de flotte. La poisse quoi !

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Kangourou : Avant , vous aviez égrainé quelques titres sur différentes compilations, comment ont-ils été perçus ?

Nico : Ben je sais pas trop. C'est dur de savoir pour une compile puisque le mec qui va la chroniquer ne va pas nécessairement parler de tous les morceaux qu'il y a dessus. Il va en sélectionner 4 ou 5. C'est déjà arrivé plusieurs fois que le mec parle de notre morceaux, d'autre fois pas.

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Kangourou : Je lisais sur Punk Rawk que ça te faisait chier de jouer devant un "parterre de punks bourrés". Tu préfères que les gens soit actifs plutôt actifs que passifs ? Que la Révolution se dessine au lieu de terminer au fond d'une bouteille ?

Nico : Quand j'ai dit ça, c'est simplement pour décrire une situation précise. Tu joues dans un squatt, à 4 heures du mat, face à des mecs bourrés défoncés. Les mecs, du moment que y'a de la batterie, ça les fout en transe. Qu'il y ait un son pourri ou pas pour les grattes et le chant, ils s'en foutent car ils sont complètement blindés. Et ils vont d'autant plus se déchaîner s'ils te connaissent, si tu les a croisés auparavant. Toi tu joues, tu t'emmerdes paske t'entends rien dans les retours, si tant est qu'il y en ait. T'es obligé de faire genre tu t'amuses paske de toute façon tu vas pas faire chier tout le monde avec ça mais c'est désagréable quoi. Cela dit, d'une part, ça m'est arrivé moi-même d'être défoncé et de pogotter comme un débile! Quand t'es raide de toute façon... D'autre part, il vaut p'têt mieux un mec raide qui danse et qui se fout royalement de la zik qu'un type clair qui dodeline de la tête et qui ne se lâche pas. Et puis c'est les mecs les plus raides qui sont souvent les plus royaux dans les pogos, ça met une putain d'ambiance quoi. C'est grâce à eux, parce qu'ils sont indécrottables, que y'a souvent du monde aux concerts. Par ailleurs, je ne dis pas non plus que ce ne sont pas des gens constructifs, loin de là. Je pense notamment au squatt de la rue de Malte (sur Paris juste à côté de République) qui a été fermé y'a 2 ans environ. Cétait les seuls concert dont les organisateurs étaient encore plus défoncés, en temps normal, que le public. Et ben les mecs en question montaient des concerts avec systématiquement plus de 200 personnes, et avec des groupes qui venaient vraiment du monde entier. Donc tu peux te bouger, le tout est de se défoncer aux bons moments.

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Kangourou : Pour la scène punk en général, tu la trouves comment en ce moment ? Composé de "vieux", de poches, la relève est là ? Votre public est comment ?

Greg : Oh tu sais, on s'en fait pas trop pour le punk.

Nico : Ouais c'est plus ou moins le mouvement musical des clodos, et comme y'aura toujours des clodos...

Greg : Plus sérieusement, y'aura toujours 2, 3, 4 types qui s'emmerdant royalement décident de passer à l'action. De ce point de vue là, tu peux faire remonter le punk aux années soixante (et probablement avant) avec les premiers groupes de garage punk américains, comme par exemple les Sonics. Sont arrivés ensuite les Stooges, puis les N.Y. Dolls, puis les Ramones etc. Et c'est pareil pour le public, t'as des petits jeunes qui se branchent sur le groupe du moment, découvrent la scène et pis t'as les indécrottables du rock'n'roll pour qui ça signifie toute leur vie.

Nico : Quant à notre public, y'a un peu de tout, c'est pas vraiment original. Y'a nos potes, le public des autres groupes, ceux qui vont régulièrement aux concerts. En fait des fois on s'aperçoit qu'on a quelques "fans" qu'on connaissait pas auparavant !

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Kangourou : Si tu devais changer les mentalités, tu ferais quoi en premier ?

Nico : Ça passe essentiellement par l'acquis. Un gosse de 10 ans, il est déjà "fait". Donc c'est évident que ça passe par l'instruction. Quant au contenu, c'est compliqué et ça ferait prétentieux de m'ériger en instituteur. Mais bon je crois que y'a pas assez d'éveil aux disciplines artistiques. T'as les "sciences" au sens large et t'as les "arts", le problème c'est que les "sciences" représentent 90% ou même plus de l'enseignement. Les arts, en revanche, c'est guère porteur économiquement, donc pas valorisé. C'est d'autre part l'éducation plus que l'instruction qui domine : on "forme" les individus plus qu'on ne leur apprend "à se former". En France, on parle d' "éducation nationale" et non d' "instruction publique", c'est pas pour rien...

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Kangourou : T'as quelques choses à dire concernant les supers lois qu'ils veulent nous imposer ?

Greg : Sans faire trop de politique ouais. Tout ceux qui voyaient pas trop la différence entre la gauche et la droite, ben maintenant je crois que ça va être plus clair pour eux. Ils vont avoir intérêt à serrer les fesses très fort, parce que c'est bien parti pour qu'on nous la mette bien profond...

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Kangourou : Des choses à rajouter ?

Greg : Vous pouvez désormais nous écrire sans problèmes. Je sais qu'on a eu quelques merdouilles avec la poste du coin, c'est maintenant arrangé.