Zampano - la vie... .punk !

Interviews

ZAMPANO
13, rue du Dr Dreyer Dufer
95570 BOUFFÉMONT
FRANCE

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NO GOVERNMENT

No government : Formation et historique ?

Nico : La formation actuelle date de début 97. Je crois qu'elle est partie pour être stable pendant un bout de temps paske tout le monde est à sa place et content d'y être. Alors y'a Greg à la gratte solo, Loak à la rythmique, Bébert à la batterie, Ziton à la basse et moi-même au chant. Sinon les autres font tous des chœurs paske + ça va, + on trouve que ça donne une sacrée patate aux morceaux. On essaye donc d'en foutre un peu partout, dans la mesure du possible... Concernant maintenant l'historique : du tout début, y'a que Greg et moi. C'était y'a 2, 3 ans. Depuis, y'a eu vachement de circulation. Genre on a eu 3 autres bassistes, 5 ou 6 batteurs et un autre guitariste. En fait, y'a pas eu vraiment d'embrouille avec tous ces gens là. Le problème essentiel, c'est surtout la vitesse. Quand t'as un batteur ou un gratteux qui peut pas enchaîner 3 morceaux à la suite, c'est relou quoi. Avec ça, y'en a certains qui n'étaient pas motivés ou encore qui n'étaient pas vraiment branchés punk. Du genre on a eu un jazzman au bord de la syncope au bout de 2 morceaux ou un hardos dont la gratte faisait un bruit de moteur d'avion ! En fait, kan tu montes un groupe, t'es bien obligé de faire avec les zikos qui te tombent sous la main. Kan tu débutes et que t'as juste 2 morceaux qui se battent en duel, les mecs se bousculent pas au portillon pour intégrer ton groupe quoi...

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No government : Pourquoi ce nom ?

N : C'est italien, c'est le nom d'Anthony Quinn dans La Strada (la route, la rue), un film de Fellini. La Strada, c'est une histoire d'amour, mais pas gnan-gnan du tout. Zampano, c'est un colosse qui tafe dans un cirque ambulant avec un spectacle à 2 balles : il se met une chaîne autour du torse, le gonfle et fait sauter la chaîne. C'est métaphorique à mon avis : la chaîne qui l'entoure, elle lui oppresse le cœur. Bref, Zampano c'est un "cœur de chien", il ne peut pas aimer. Au début du film, on le voit acheter pour que dalle Giuletta Massina, issue d'une famille pauvre, pour remplacer son assistante qui vient de mourir. Giuletta Massina, c'est tout le contraire de lui : petite et frêle, elle tombe amoureuse de lui mais tu la sens tellement idéaliste que tu penses en fait qu'elle pourrait s'attacher, au départ, à n'importe qui. Alors pendant les 3/4 du reste du film, t'as Zampano qui passe son temps à se bourrer la gueule, à tromper et à battre Giuletta Massina. A la fin, Zampano l'abandonne, malade, au bord d'une route en plein hiver. Je crois qu'il lui laisse un truc à bouffer mais bon. Alors évidemment, elle crève de froid. L'histoire reprend ensuite quelques années plus tard. Tu vois Zampano qui continue de faire son spectacle à la con devant 3 pelés et 2 tondus. Il fait vraiment pitié à voir. Ce jour là, il apprend la mort de Giuletta Massina. Et bon là, tout se renverse : tu le vois complètement défait, effondré au bord d'une plage, la nuit. Il percute quoi, et Giuletta Massina lui manque. Moi la scène finale m'a foutu des frissons, shui pas spécialement fleur bleue pourtant ! C'est un film sur la difficulté d'aimer. Mais je ne l'ai peut-être pas très bien résumé. Faut le voir en fait ce film, sinon c'est sans doute pas crédible. Quant à savoir pourquoi ce nom pour le groupe bon ben, le fait que le film de Fellini m'ait plu le motive en partie. Mais c'est aussi parce que "Zampano", je trouve que ça sonne pas trop mal. Et pis dans mon esprit, "Zampano", ça représente également le loser fini, même si je ne me considère pas comme tel, du moins pour le moment. Pour te donner un exemple, c'est un peu comme les mecs que j'ai vu au festival du théâtre de rue d'Aurillac, y'a 2, 3 ans. Toute la journée, j'ai maté des spectacles hyper bien rodés, avec plein de matos et les mecs qui se faisait des thunes et tout. Et pis à un moment, le soir en rentrant, je suis tombé sur une bande de zonards à moitié clodos qui crachaient vaguement du feu et faisaient la quête. C'était pas du spectacle, plus un truc qui t'inspire de la pitié qu'autre chose.

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No government : Ça fait déjà quelques temps que le groupe existe. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour la démo ? En êtes-vous satisfait ?

N : Ce qu'il y a, c'est qu'au départ, on ne savait pas vraiment jouer. En + de ça, la formation du groupe était vraiment instable et on restait parfois 1 ou 2 mois sans répéter, notamment paskon galérait pas mal pour trouver un batteur. En +, on a toujours été hyper lents pour composer et on se défonçait beaucoup trop en répète ! Alors à l'époque où ont avaient seulement 4 morceaux, faire une démo ne rimait à pas grand chose paske bon faire des concerts avec 4 titres, c'est un peu ledge quoi. En + de ça, je me suis dit qu'il valait mieux attendre un peu. Les premiers morceaux qu'on a fait, ils étaient carrément nuls à chier. S'ajoute à ça la timidité, même si ça peut te paraître bizarre. Avant je faisais un zine et j'avais tout simplement honte, vis-à-vis des gens que je connaissais déjà, de faire un groupe. C'est aussi pour ça que les choses ont pas mal traîné. À partir du moment où c'est impossible de prendre du recul par rapport à la musique que tu fais, j'avais carrément peur que ça ne plaise pas. Pourtant faire du punk, c'est tout sauf exigeant musicalement ! Personnellement, je ne sais absolument rien jouer. On dit souvent que les gens qui font des zines, s'occupe du son etc., sont des musiciens frustrés. J'ai pris quelques cours de gratte mais j'étais (et je reste) vraiment un incapable ! Peut être est-ce paske inconsciemment, je voulais chanter. Mais bon, quant tu te dis que t'es pas musicien, tu ne peux pas te considérer comme un véritable chanteur. C'est mon cas même si, encore une fois, chanter sur du punk, c'est pas de l'opéra. Alors bon, je me dis que je suis chanteur paske je suis plus vieux que les autres membres du groupe et que je la ramène pas mal, c'est tout. Là dessus, tu comprendras que personnellement, j'ai traîné des pieds pour faire une démo, pareil pour chercher des concerts. Concernant maintenant la qualité de la démo, c'est difficile de te répondre. On connaît les morceaux par cœur et il nous est donc difficile de les apprécier. Et pis, c'est toujours le même problème : comment prendre du recul par rapport à ce que tu fais puisque tu t'y trouve précisément impliqué ? Enfin, j'en sais rien quoi. Le son est sans doute un peu trop clean, pas assez crade. Greg a eu des problèmes d'ampli, y'a pas mal de pain à la batterie et le bassiste avait mal au poignet. Personnellement, je n'aime pas ma voix, on dirait Jean-Louis Aubert ! Je t'assure qu'on a été les premiers surpris du bon accueil qu'on a eu dans les zines. Il ne faut pas se fier à ton entourage où aux gens que tu connais déjà dans les zines. Alors quand des mecs que l'on ne connaissait absolument pas nous ont fait des kroniks plutôt élogieuses, ça nous a vachement fait plaisir. Faut dire que lorsque t'envoies à un zine punk une démo qui l'est également, tu ne prends pas trop de risques ! En + de ça, je trouve que le propos des zines en général, sur n'importe quel groupe, est vachement enthousiaste et donc pas toujours très exigeant ni critique. Alors ça a sans doute facilité les choses...

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No government : Etes-vous en contact avec d'autres groupes parisiens ?

N : Ben on vient juste de contacter les mecs de Maximum Boycott. Ils sont de la même banlieue que nous alors on a été les voir répéter l'autre jour. C'est des mecs qui se bougent vraiment. Ils ont écumé toutes les salles de la région et ils animent une émission de radio, Tribe Impact, tous les mercredis de 21h 30 à 23 h (96. 7 ou 106.5). Bref ils en veulent. C'est cool, ils nous ont fait passer à leur émission. Ils sont plutôt branchés hardcore mais ça nous empêche pas d'apprécier paskil ont une sacrée patate ! Franchement, les breaks et les morceaux qu'ils enchaînent à tire-larigot, faut le faire ! À part eux, pour le moment, on ne connaît personne mais bon, on va se bouger un peu le cul, sinon on restera toujours dans notre coin et ça ne servira pas à grand chose...

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No government : Combien avez-vous de morceaux et sont-ils tous engagés ?

N : On est en train de terminer le 14ème mais y'a 3 reprises dans le tas, donc ça fait 11. Y'en a que 2 qui ne sont pas "engagés". Un est sur une histoire de défonce, c'est "Noche de puta madre". Heureusement qu'il est en argot espagnol paske les paroles sont vraiment nazes ! Elles tournent + ou - autour d'une apologie de la drogue, c'est complètement con. J'en suis pourtant l'auteur. Je me demande pourquoi j'ai écrit un truc pareil. Bon maintenant c'est pas grave, personne n'y entrave que dalle à ces paroles alors bon. Sinon on a un autre morceau, "Mignonne", c'est une espèce de truc d'amour/haine. Les deux premiers couplets sont de l'ancien batteur du groupe, Radji. Je trouve qu'ils sont chouettes. Les 2 autres sont de moi, je ne les aime pas mais je vois pas quoi mettre à la place.

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No government : Pourquoi avoir choisi des illustrations aussi morbides pour la jaquette de la démo ?

N : "Morbides" ?! Je ne comprends pas pourquoi tu dis ça. Les dessins sur la jaquette sont en rapport avec les paroles. L'illustration principale est celle d'une sorte d'Oncle Sam marionnettiste, avec pour marionnette la Terre, je crois que ça rejoint pas trop mal le propos général tenu dans les textes. Je viens de vérifier dans le dico, "Morbide", c'est le truc maladif, malsain. A la limite, ce qui se rapproche le + du plan morbide dans les dessins, c'est les quelques têtes de mort qu'il y a dans un coin et le dollar crucifié mais bon franchement, qualifier ça de "morbide", c'est un peu pousser Mémé dans les orties.

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No government : Quelles sont les possibilités pour les petits groupes de s'exprimer sur scène sur Paris ?

N : Ça dépend à quel niveau on se situe. Si on ne regarde que notre groupe, vu que pour le moment on a uniquement joué dans des banlieues paumées, on ne connaît pas trop. On vient tout juste d'envoyer des démos à quelques salles sur Paris, on attend les réponses. Alors on ne sait pas encore si c'est dur ou pas de jouer. Mais bon quand même, ici comme ailleurs, je pense qu'il faut surtout faire marcher le côté relationnel, contacter d'autres groupes ou des mecs que tu connais déjà... Ce truc, on se met seulement à le faire maintenant. Sinon, d'un point de vue plus général, c'est sûr que y'a plein d'endroits où jouer sur Paris, même si lorsque tu rapportes ça à la population totale, ça fait pas bézef ! Enfin, faut voir quand même que y'a pas mal d'endroits, aujourd'hui fermés, qui programmaient avant régulièrement. Du style le New Moon, l'ancien local de REFLEX, l'espace Ornano, Capsul'Rock en banlieue... J'ai aussi l'impression que les Barrocks, ça tourne moins bien qu'avant. Ces trucs là, c'était un peu des passages obligés, tous les groupes y jouaient. Ça stabilisait un peu la promotion de tout ce qui tourne autour du punk quoi. En fait, dans le genre, il ne reste que le Fahrenheit à ma connaissance. Bon OK maintenant, y'a aussi des trucs nouveaux, comme le Blues Heures, le Vendémiaire ou la Lola, mais je crois que ça bouge moins qu'avant tout de même. À part ça, t'as toujours eu plein de petits bars aussi mais en général, c'est éphémère : t'as 2 ou 3 concerts et le gérant laisse tomber l'affaire, ou alors y'a une plainte. Mais bon malgré tout, je pense que c'est pas trop dur de jouer sur Paris. Paris c'est grand et il suffit de se bouger un peu le cul !

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No government : Quels sont les groupes français qui vous ont marqué ces dernières années ?

N : OTH pour les paroles de la rue et les Cadavres pour les paroles de la mort ! Oh la la sinon y'en a 2000 autres, shépa moi : les Rats, les BxN, Dileurs, Parabellum, Heyoka, Sherwood, Trotskids, Haine Brigade, Dirty District, Nuclear Device, Oberkampf... C'est assez varié en fait ! Et sinon, dans les moins connus : +++, Dirteez, Désert Culturel, Bananatrash... Et enfin, parmi ceux qui existent encore : les Shériff, Zabriskie, PKRK, les Thugs, Légitime défonce... Mais bon, y'en a sans doute plein d'autres, je ne les ai pas tous en tête.

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No government : Hormis la musique, avez-vous d'autres passions ?

N : Le bricolage ! Non, j'déconne, shui pas très fort mais j'aimerais bien... Ouais bon sinon j'aime bien lire, mais ça n'est pas vraiment original. En fait, je lis pas mal de romans noirs depuis 2, 3 ans. À ce niveau, y'a un véritable renouveau en France depuis quelques années. Y'a tout un tas d'auteurs, c'est un réseau, ils se connaissent tous + ou -. Alors shépa moi, parmi les auteurs que je préfère, y'a Prudon, Benacquista, Fajardie, Pouy, Izzo. J'aime pas tellement Marc Villard par contre, même si c'est un des + connus. J'essaye aussi de suivre les coups de cœur littéraires de Juliette mais vu qu'elle en a un par semaine, c'est pas évident de tenir le rythme ! Récemment, je me suis tapé "Cantique de la racaille" de Ravalec : absolument géant, tout comme "un pur moment de rock'n'roll" d'ailleurs, un recueil de nouvelles de ce mec. Sinon, je vais assez souvent au cinoche. Bon là j'ai vu "Reprise". C'est plutôt un documentaire qu'un film mais bon. Je sais pas si tu connais, je te raconte un peu : parmi les images des reportages sur mai 68, y'en a une hyper connue, c'est la reprise du travail aux usines Wonder. Enfin moi je l'avais déjà vu à la télé et un passage de la bande son a d'ailleurs été repiqué par les Thugs sur leur dernier album, "Strike". Alors ce truc, ça se passe devant les usines Wonder. La reprise du travail vient d'être votée et y'a une meuf qui gueule que le vote a été truqué et que, de toute façon, elle ne veux pas rentrer dans cette "taule". Elle crève véritablement l'écran. Y'a un cinéaste qui est parti à la recherche de tous les protagonistes de cette scène dont, bien évidemment, cette fille. Alors il en retrouve un certain nombre et le film se déroule comme ça. Bon il ne retrouve finalement pas la fille mais ça te permet de connaître les conditions de travail, c'est pas du Zola mais presque. Du genre y'avait même pas de douches pour les femmes alors qu'avec le produit des piles, elles étaient dégueulasses. Et pis tu apprends que les 2 mecs qui essayent de calmer la fille, ce ne sont en fait pas des mecs syndiqués à l'usine. Ils sont parachutés de l'extérieur, de la CGT. Bref, ils sortent à la fille le couplet classique, il faut savoir arrêter une grève et gna gna gna. Y'en a un des 2, c'est véritablement une tête à claques. Enfin pour voir ce film, faut vraiment être en forme parce qu'il dure 3 h 20, c'est long !

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No government : Pour conclure : vos projets ?

N : Trouver des concerts paskon a pratiquement aucune expérience de scène. D'ailleurs, si vous avez des plans sur Reims ou les environs, merci de nous brancher ! Sinon, on compte refaire une démo pour la rentrée paske l'autre date de bientôt un an. C'était avec l'ancienne formation en +. Voilà. Sinon merci pour l'itw et longue, longue vie à No Gvt et à Adrénaline !!!